09/12/03
12:21 Sans l'avoir lu, Dick, c'est DTC
C'est en ouvrant ma bibliothèque hier que je me suis rendu compte à quel point celle-ci était vide. Enfin, pas entièrement vide, mais vide d'auteurs. En effet, au milieu de la masse japonisante de mangas, seuls quelques livres tiennent la comparaison numérique. Leur auteur, Philip Kundred Dick. Oh, bien sûr, je n'ai pas lu QUE lui, la faute en revenant plus particulièrement à 2 charmantes damoiselles, mais Dick reste l'auteur de mes années d'enseignement secondaire.
Tout a commencé par un jeu vidéo, Blade Runner, adapté du célèbre film de Ridley Scott. L'ambiance et l'univers de ce jeu m'ont plu au point de vouloir voir le film, puis lire le livre. Et à chaque fois, un immense choc. Cette confrontation androïde/humain, avec des androïdes parfois plus humains que les hommes, m'a profondément marqué. Non amateur de SF (du moins pas les fameuses guerres inter robotiques), j'ai remballé mes à priori et continué à lire des livres du père Dick.
Dans beaucoup d'entre eux on retrouve ces interrogations majeures : qu'est-ce qu'un humain ? Où s'arrête la réalité ? Où commence l'hallucination ? Sommes-nous manipulés ? Et vers la fin de sa vie : qu'est-ce que Dieu ?
Un des autres points clés des oeuvres Dickiennes est l'univers halluciné qu'il dépeint. Cet univers est tellement étrange et hors normes usuelles qu'on a souvent soupçonné Dick d'écrire sous l'influence de la drogue. Ce qui est à moitié vrai : il écrivait sous amphétamines, seul moyen pour lui d'écrire autant de livres et de nouvelles (plus de 40 livres !). Contrairement aux apparences, il n'a absorbé qu'une fois de la drogue. Il n'est pas aisé de rentrer dans cet univers fait de conapts, d'aéroglisseurs et autres joyeusetés, mais ce type d'univers étant récurant dans les livres de Dick, on finit par éprouver l'étrange plaisir de se sentir en terrain connu à la lecture d'un nouveau roman.
Enfin, le dernier point commun entre toutes ses oeuvres est le héros Dickien, souvent modeste socialement, et totalement dépassé par le monde halluciné dans lequel il vit. Pourtant, à la fin de chaque livre, ce héros sort grandi, plus humain, souvent à contrario de son environnement extérieur.
Une des grandes forces de Dick est sa faculté à retourner en quelques phrases toutes celles qui précèdent. Bien que cela soit plus flagrant lors des innombrables nouvelles qu'il a fait, retrouver ce procédé dans un de ses livres majeurs (Ubik) est toujours un exploit.
Il faut signaler que Dick a écrit pas mal de romans mainstream, mais pratiquement aucun ne fut publié de son vivant. Globalement ces livres dépeignent la vie quotidienne des années 60, incluant racisme, communisme, etc. Humpty Dumpy in Oakland en est un bon exemple, même si je ne le recommande pas pour une première approche.
Dire que Dick n'est pas un auteur majeur du siècle passé serait une grave erreur. Encore aujourd'hui, on trouve nombres d'hommages écrits (Requiem pour Philip K. Dick de Michael Bishop) ou filmés, que cela soit d'inspiration Dickienne (The Truman Show, Brazil, Equilibrium, Matrix, le IA de Spielberg par exemple) ou carrément des adaptations de ses nouvelles ou romans (Blade Runner, Total Recall, Minority Report, Paycheck (signé John Woo, pas encore sorti en France), Impostor, Planète Hurlante, Confession d'un barjot).
Voila pourquoi ma bibliothèque contient tant de Dick. Reste maintenant à la diversifier...
Plus d'infos sur Dick sur le site officiel et là (site choisi parmis tant et tant d'autres...).
Merci à Big--Ben pour m'avoir aidé dans la rédaction de ce post.
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